Monsieur, mon très honoré amy,
I'ay receu la vostre du 12/22 du finissant2 et pour responce d'icelle vous diray que les Grisons demandent de messieurs les Suissez une conférance à Vese ou Valdstat où ils promettent de les informer de bouche des raisons pour lesquelles ils tiennent les forts de Rhin et Steig, donnant par là à entendre qu'ils ne les démoliront point, mais obéiront plustost à l'Espagnol3 qui veut la conservation d'iceux. Pour moy ie croy que les cattoliques en seront contans come ceux qui ne voudroyent point que les François y retournassent iamais encor que leur prospre intérest recerche le contraire, et les protestans seuls comme trop craintif diront à tout amen. Il faut voir come réussira le différant des Valtolins avec les Grisons ausquels ils ne veulent point s'assujettir et estans obligez par serment que iadis les rois de France et d'Espagne leur ont préscrit touchant l'observation du traitté de Monson4 ils s'y opiniastrent et veulent plustost mourir que retourner soubs leur exécrable - come ils parlent - domination. On dit pourtant que les Grisons sont pour entrer en Voltoline le mois de Jenvier prochain à main forte sans vouloir attendre le retour de leurs ambassadeurs5 d'Espagne qu'on y détient à desseing.
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Ie m'estonne de ce que me mandez de l'Angleterre là où au contraire le résidant6 d'icelle in publicis comitiis Badensibus7 a asseuré les protestans que son roy8 ait conclu l'alliance avec celuy de France9 et conforme icelle veulle entrer en guerre par mer et par terre contre la maison d'Austriche jusques à l'entier restablissement de toute l'Allemagne dans sa première liberté. Je seray pourtant bienaise d'en apprendre quelque chose avec fondement, comme aussy si la perte du Vrangel10 est si grande comme on la descrie partout et que Volgast, Anclam, Usedom soyent occupés par les ennemys qui par telles pertes pourroyent aisément forcer les nostres à des traittés particuliers si la France et l'Angleterre ne les assiste mieux. Je voy bien que nos affaires sont fort descousues et si on n'y remèdie avec une gagliarde opposition et conjonction des armes de tous costés, nous sommes tous bientost soubs cheval. Ie déplore cependant ma condition qui suis si abandoné de moyens de tous costés, et ce que ie devrois fournir à ma femme11 pour faire cultiver et redresser nos biens dans la Voltoline, il faut que ie le mange icy avec mon train faisant de iour à autre de plus gran deutes. Prudenter (?) nihilominus cuncta feruntur (?) et nisi pecunia aliqua me juverint amici, profectione in Sueciam rebus meis aliter (?) consulere cogar. Dieux veuille assister les siens et vous maintenir aussy en sa saincte garde et moy en vostre bonne grâce qui suis si passionnément, monsieur,Vostre serviteur
Marin.
De Zurig, ce 27 de Xbre st. v. 1637.
Argentoratenses per expressum ad Tigurinos maxime implorant ab eis et consilium et auxilium contra caesereanos, a quibus omni comercio12 cum imperio exclusi sunt. Qui pro responso accipient, brevi intelligam.
Boven aan de brief: Rec. 20 Ian.
In dorso schreef Grotius: 27 dec. 1638 Marin.