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Monsieur,
Vostre lettre du 3. de Décembre2 m'a resiouy tant pource qu'elle porte avecq elle le tesmoignage de vostre santé qu'à cause des nouvelles qui ne peuvent estre ques très bonnes.
Touts les Suédois tiennent, que ceste dace nouvelle répugne au dernier traité de Trefve entre Suède et Pologne3. De ce qu'on en dit en Pologne et dans le Prusse Brandenburgième ie ne vous diray rien, puisque vous en estes plus proche. Mais Monsieur Vosberge4 qui a esté icy de la part des Estats-Généraux des Provinces Unies du Pays Bas, m'a asseuré, que ces Messieurs-là ne souffriront pas un fardeau si pesant sur leurs commerces. La France et l'Angleterre s'en offensent aussi. Et ne faut pas croire, que si on a dissimulé, ce que les Suédois ont fait cy-devant pour trouver des moyens de sauver l'Allemagne, qu'on le veille souffrir, quand'on verra que cela ne servira, qu'a faire plus grand ceux qui le sont assez.
Pour le serment de la Chevalière de la S. Vierge5 considérant tout le sens, qui se peut cacher sous ce mot ‘Successorum’ et sous ces mots ‘Romanae sedis’ et sous le mot ‘infidelibus’ ie ne m'estonne pas que tant les protestans que les sages d'entre les catholiques romains s'en ombragent. Outre cela le prince Radzivil6 a si bieu merité du roy de Pologne7, que quand il n'y auroit pas tant de rayons8 pour quitter ces inventions nouvelles, son authorité devroit suffire pour raison.
Je n'avois pas appris encore que monsieur Zamoiski9 avoit la charge que feu monsieur son père10 a si bien soustenu à l'honneur de sa patrie. Je suis vénérateur de ce nom et me resiouy de voir fleurir la vertu sur la branche d'un si beau tronc.
L'hyver passe icy parmy les balets et comédies et amours Platoniques du roy11. Le duc de Veimar12 se tient encor dans l'évesche de Basle et leurs voisins ayant 3500 chevaux, 2500 soldats à pieds, assez d'autre munition de guerre, et attendant du roy un secours royal pour le printemps.
Les Hollandois ayant receu de l'argent de la France se préparent aussi pour le mesme temps. Entre ce temps-là nous apprendrons aussi ce que voudront faire messieurs les Anglois.
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Prions Dieu qu'il plaise à sa Toutpuissance de diriger tout au bien des vrays Chretiens.
Je deumeure
monsieur,
vostre serviteur
H. de Groot.
Le 16. de Jan. 1638, laquelle année ie souhaitte heureuse à vous et aux vostres.