Monsieur,
Après les mauvaises nouvelles que ceux de Basle nous ont envoyé, et qui estoyent en partie véritables les nostres ayant esté au premier pour un peu estriller, on nous mande de Laufenburg l'entière desfaite de l'armée impériale avec la prise de tous les chefs entre lesquels sont le duc Savelly2, Jean de Verth3, Sperreuter4 et d'autres beaucoup, dont sans doute vous aurez desià les particularitez qu'on a mandé en poste à Paris. Les Austrichiens et leur adhérans en sont fort esbahy, surtout les Grisons qui craignent que le roy5 n'aye quelque desseing contre eux, gardans pourtant soigneusement leur forts de Rhin et l'ambassadeur d'Espagne6
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est venu à Coire pour leur offrir toute assistance avec 20m (?) escus qu'il distribue parmy les communautés, et le mesme fait-on à Lucerne parmy les Suissez catt. On nous menace cependant d'un' autre plus puissante armée que l'empereur7 et le duc de Bavière8 manderont contre le duc de Veimar9 et qu'ils prendront le passage par la Suisse du costé de Costance, ce qui en effect causeroit un gran alarme chez nous. Nos protestans se resouissent bien d'un tel succez mais la crainte des menaces du party contraire les destourne de toute bonne résolution.Après Pasque ie desseigne de m'en aller en Suède, mais laisseray icy mon homme pour continuer la correspondeance, car ie voy qu'autrement ie ne pourray pourvoir à mes affaires.
Je demeure, monsieur,
Vostre serviteur très humble
Marin.
Zurig, ce 1/11 de Mars 1638.
Adres (met andere hand): M.r Grotius à Paris.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 24 Martii.
In dorso: 11 Mars 1638 Marin.