Monsieur,
Pour responce de ce que vous me mandez par la vostre du 15 de May2 ie vous communique la copie d'une lettre des Grisons3 qui dissoudra fort aisément l'opinion qu'avez de la religion protestante en Voltoline, la faction Espagnole pour n'avoir pas besoin de secourir à la France ayant consenti à l'exclusion d'icelle et ne sçait-on pas encor si in civilibus ils seront mieux satisfaits. On leur avoit promis de ne leur envoyer dans le pays aucuns ambassadeurs pour résider ayant esté si maltraittez par ceux de France, ores contre tout cela on supporte desià plusiours mois le comte de Bic4 à Coire en ceste qualité et des protestans n'y peuvent contredire estant abbandonnez de la France et les protestans au desceu des quels ils ont fait leur alliance d'Espagne ne se voulant plus mesler de leurs affaires.
Vous sçavez que monsieur de Veimar5 voulant empêcher l'accez de Brisach à Göz6 a fait faire un pont de bateaux à Neuburg pour faire passer ses trouppes suivant ce qu'il jugera à propos, mais on nous mande à cest'heur que Göz se retire vers le pays de Virtemberg ayant avec deux cent chevaux fait entrer quelque peu de farine à Brisac qui ne durera guerres, et cependant le sudit Göz se renforce de tous costés pour choquer les nostres avec une puissante armée. Nos protestans nonobstant les manaces de l'empereur7 assistent soubs main avec des vivres monsieur de Veimar en quoy consiste sa subsistance delà de Rhin et i'y travaille tant que ie puis en ceste ville qui voudroit faire plus, mais la peur et le voisinage des cattoliques et de ceux d'Austriche les en retient plus que ie ne voudrois.
Ie vous prie de saluer de ma part monsieur Schmalcius8 et s'il se ferme chez vous ie ne manqueray pas de luy escrire et reccomander mes affaires, au reste demeurant, monsieur,
Vostre serviteur très humble
Marin.
De Zurig, ce 31 de May 1638 s.v.
372
Adres (met andere hand): M.r Grotius.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 21 April (sic)
In dorso: 31 Mey 1638 Marin.
En: 31 May 1638 Marin.