Monsieur,
I'ay receu vostre lettre du 15 de Juin2 et conforme mes précédantes vous supplie de reccomander mes affaires en Suède, car monsieur Mukel3 ne m'en-
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voyant jusques icy l'argent promis il est misérable qu'on m'envoye quelque charge de Hamburg, car ie vis icy despourvue de tout et plein de deutes, quod stipendium pro integro jam biennio mihi emaneat et, si Dieu ne me consoloit par sa grâce, ie croy que de mélanquolie ie fusse tombé pieça malade dangereusement. Car d'avoir la femme4 malade, le train et ma propre famille sus les espaules sans avoir de quoi les nourrir, c'est estre come en un desespoir, et il est mieux que la Suède n'e[n]tretiène icy aucun ministre que de l'abbandoner de telle façon, ie voudrois certes qu'on fast quel fin avec moy si on ne me doit traitter autrement, encor que ie désire de continuer au service de la couronne, moyennant que ce ne soit avec mon dommage. I'en escris librement à monsieur le gran chancelier5 parce que le ventre n'a point de patience.Vois sçaurez que le duc de Veimar6 pour avoir esté un peu foible n'a peu empêcher le secours de Brisac qui n'est que de 300 sacs de blé, a prè cela Göz7 se retirant faute de vivres au pays de Virtemb. où nostre cavallerie le poursuit et estant fort nécessaire que monsieur de Longueville8 soit bientost en Alsace. Ie croy que Verseil se rendra bientost, les chefs François n'estant pas bien unis et leur armée foible pour forcer un camp si bien retranché.
Avec le prochain ordinaire ie vous en escrire plus amplement celle-cy n'estant que pour accompagner l'enclose et vous prier de m'adviser si mon paquet du 14 de Xbre9 de l'an passé est bien parvenu en Suède comme aussy les autres lettres.
Je demeure à iamais, monsieur,
Tout le vostre
Marin.
De Zurig, ce 20/30 de Juin 1638.
4m Suisses sont partis pour le Milanois où l'Espagnol se fait fort de 25m hommes effectifs.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. le 19 de Iuly.
In dorso: 20 Iuny 1638 Marin.