Monsieur,
Pour toutes nouvelles nous avons icy que le comte Biglia2 qu'on avoit mandé de Milan pour voir l'estat de l'armée impériale auprès du Rhin, à son retour par de là ait rapporté au conseil de guerre n'estre aucunement possible de recouvrer
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Brisac et les villes forastières, si on ne transporte la guerre en Suisse, où on craigne les protestans de ne fournir plus en aucune façon que ce soit des vivres au duc Bernard3, par lequel seul moyen il subsiste. L'on a pourtant résolu de les en recercher encor une fois et s'ils n'y condescendent qu'ils leur faudra faire la guerre, pour en ruinant les protestants, ruiner par après en suite le duc, croyant que les cantons cattoliques abbandoneront en tel cas les protestans. Sed haec erunt tractatu dura et eventu tristia, quamdiu Helvetiis cum Gallo4 bene convenerit.Pour moy ie croy que nous auront en ces quartiers un terrible remue-ménage au printemps, ne voyant par quel moyen on puisse avoir aucun advantage sur monsieur le duc, si les impériaux ne prennent un bon poste dans la Suisse pour en tirer tout ce qu'il leur faut ou par amour ou par force. Les moyens de subsister en Suabe leur manquant surtout pour une telle armée dont on nous menace.
Les Vénetiens et les Turcs s'entrebattent desià en leur confins et n'y a rien que les empêche pour se choquer ouvertement en bataille et par mer et par terre que l'hyver, durant lequel on fait des gran préparatifs de l'un et d'autre costé.
Les Grisons ont mis des gardes à Steig et auprès du Pont de Rhin, mesme à Chiavenne et croit-on que deux régiments Espagnols entreront en Voltoline pour y garder tous les passages par lesquels on y entre, l'appréhension de l'affront fait à la France par les Grisons les faisant croire qu'on ne le laissera impuny. Mais en tel cas nous espérons d'avoir le peuple pour nous, si l'Espagnol5 ne rendra point prontement la Voltoline.
Cependant i'attend avec impatience l'envoy de mon acquit ou bien d'une partie pour souver mon honneur et satisfaire à la nécessité domestique qui certes est plus grande journellement, mon gage me demeurant en arrière pour 28 mois passés, et trouve-il fort estrange que les descontes après cinq mois ne soyent pas encor arrivés.
Ie vous baise les mains et reccomandant mes intérests à vostre particulier soing, demeure à iamais, monsieur,
Vostre serviteur le plus obligé et affectioné
Marin.
Les Espagnols ont assigné au cardinal de Savoye6 qui est à ..... 70 escus par iour.
De Zurig, ce 25 de Xbre 1638.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 19 Ianuary
In dorso: 25 Dec. 1638 Marin.