783
Monsieur,
Celle-cy ie vous envoye par l'adresse de monsieur Relingher2 en responce de la vostre du 14 courrant3 conforme laquelle i'addresseray fort volontiers mes lettres à monsieur Heuf4 pourveu que ie sçache à qui les reccomander à Lyon n'y ayant personne de cognoissance, et jusques à ce que i'en aye vostre advis ie seroy contraint de me servir du résidant de Venise5, mon gran amy. Au reste ie prie derechef ledit sieur Heuf pour le payement au moins d'une partie de mon argent, craignant que les descomtes de Suède iront bien à la longue more solito. On me doit mon gage pour XXVIII mois passés, de façon que encor que ie soyez contente de ces deux mille, huict mois me demeureront dereschef en arrière contre mon accord fait avec monsieur le gran chancelier6 qui m'a promis que ie serois payé punctuellement chaque trois mois, car c'est pour cela que ie demande si peu d'argent àfin que ie fusse actuellement payé, ayant peu autrement demander autant que les autres. Et vous ne sçauriez croire quel mauvais crédit me cause ce retardement, ayant depuis tant de temps donné des vaines espérances à ceux que ie dois icy, et si ie ne suis bientost secouru pour le moins d'une partie d'argent Dieu m'est tesmoin que ie ne sçay d'où prendre mon entretènement, le prix de toutes choses croîssant iournellement en Suisse d'où tous les deux partys tirent leur vivres.
Les nouvelles de deçà ie les vous envoyeray ieudy prochain par l'addresse du résidant de Venise, d'où on nous apporte la guerre asseurée avec le Turc7 et Dieu veille qu'elle pousse les Frances chrestiens à une bonne paix en Allemagne.
Ie demeure, monsieur,
Vostre serviteur très humble
Marin.
De Zurig, ce 17/258 de Xbre 1638.
In dorso schreef Grotius: 25 (!) Dec. 1638 Marin.