Monsieur,
Par ma précédante2 i'ay fait responce à la vostre du 16/26 du passé3.
Celly-cy est pour vous asseurer que la Diète de Baden4 n'a point passé au delà des paroles, les protestans en faveur du roy5 ayans empêché toute mauvaise volonté envers le duc de Veimar6 et sorte qu'on n'y a point fait autre chose que de s'entre piquer avec de paroles et menaces, ayans à la fin seulement escrit au duc, un monitorium de n'offencer point leur terres et de rendre à l'évesque de Basle7 les trois chasteaux où il tient de garnison, le premier, leur ayant esté promis, et le second passé en silence, dont les cattoliques sont fort piquez et s'assemblent dereschef à Lucerne, disans qu'ils veulent aller au secours dudit esvèque et luy faire quitter ses chasteaux.
Cependant Reinfelden est battue de l'un et l'autre costé, les impériaux8 se hastans à son secours deça et delà de Rhin, Bavière9 envoyant à ce qu'on escrit 4m. Croates et Jean de Vert10 venant avec d'autres trouppes pour se iondre au duc
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de Savelly11 qui tous feront sept ou 8m. hommes, de sorte qu'il est nécessaire que le roy face aussy haster le renfort promis.Les Grisons ne veulent pas raser leur forts jusques au retour de leur députez d'Espagne12 conforme ce qu'ils en apporteront, et monsieur de Rhuan13 n'ayant peu obtenir d'eux le passeport asseuré pour passer à Venise est retourné d'icy au Bernois où il attendra les autres ordres du roy. Il faut escrire premièrement à Milan si les Espagnols veulent permettre que monsieur de Rhuan passe par leur pays à Venise.
Ma femme14 est bien malade avec son enfant d'où vous jugerez mon pauvre estat où ie me trouve avec ma famille et mon train ne recevant jusques à cest' heure ny de responce à mes lettres ny d'argent.
Dieu me console parmy tant d'afflictions et vous maintiène en meilleure félicité que vous souhaitte, monsieur,
Vostre serviteur de tout mon coeur,
Marin.
De Zurig, ce 8/18 de Febr. 1638.
Adres (met andere hand): M.r Grotius.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 3 Martij.
In dorso: Le 8/18 febr. 1638. Marin.