Monsieur,
Pour responce de la vostre du 9 de Mars s.n.2 ie vous communique la lettre de monsieur le gran chancelier3 par laquelle vous entendray l'estat de nos affaires qui semblent menacer la Suisse d'une gran tempeste si Dieu ne la destourne par les armes victorieuses de Suède et de France qui sont l'unique appuy après Dieu des protestans.
Cependant l'Espagnol4 tant qu'il peut asseure le pays de Grisons qui estans soubs son pouvoir n'ont peu octroyer le passage à monsieur de Rhuan5 par leur terres et ne sçait-on pas encor de que leur députez6 ont fait en Espagne, où il est vrayessemblable qu'ils n'obtindront telle satisfaction qu'ils se sont imaginez, surtout pour la Voltoline dont le passage demeurera au pouvoir du roy d'Espagne perpétuellement.
Reinfelden n'est pas encor prise et les impériaux s'assemblent part tout pour son secours, avec quel succez tout le monde l'attend.
Monsieur de Rhuan est encor à Laufenburg, mais il s'en retirera sur le territoire de Berne sur un chasteau, où il se faire penser entièrement de ses blesseures. Il a esté un des principaux qui ont facilité la victoire de monsieur de Veimar7 et le roy8 y devroit avoir quelque esgard, car c'est une compassion de le voir en tel estat.
Ie ne parle plus de mon gage estant résolu de m'en aller en Suède, mais attendray encor icy jusqu'au dernier d'Avril selon les S.N.; plus ie ne puis attendre pour ne perdre point la commodité de la saison pour aller et venir. Monsieur Mukel9 me donne bien espérance de m'aider de deux cent dalers mais c'est peu de chose au regard de ma necessité et de ce qu'on me doit. Vous feray bien de solliciter le secours pour monsieur de Veimar car autrement le roy perdra le Rhin et la Suisse, qui suivra la fortune.
Je demeure, monsieur,
Vostre serviteur très obligé
Marini.
De Zurig, ce 15/25 de Mars 1638.
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Adres (met andere hand): M.r Grotius ... à Paris.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 7 April n.st.
In dorso: 15 Martii 1638 Marin.