Monsieur,
Ie ne voy point de vos lettres depuis deux ou trois sepmaines, et ce à cause come ie croy de ma venue chez vous que i'ay pour des raisons à vous cognues différé jusques au Juin, espérant que cependant on me donra quelque satisfaction. Plus ie ne puis attendre, encorque ie voudrois très volontiers, estant plein de deutes et ne sçachant d'où emprunter plus d'argent. On recognoist fort mal mes services et la fidélité que i'ay conservé à la Suède, estant pour cela hay de tous costés, et abbandonant mesme les intérêts de ma femme2.
De nouveau n'avons rien que les progres de monsieur de Veimar3 qui est maistre du Virtemb: et a espérance d'avoir en son pouvoir Brisac où il y a faute de toutes choses avec quelque espèce de la mortalité.
Les imp.s s'assemblent auprès de Nordlinghen et dit-on qu'ils sont forts de 12m au pied et 2000 chevaux et qu'auprès de Stagard on ait défait nostre Tubad[e]l4 dont nous attendons plus d'esclaircyssement.
Les Grisons sont en gran perplexité pour ne voir point de retour d'Espagne leur députez5 avec lesquels on traitta sans rien conclurre et quant à la religion le roy6 n'y veut point enttendre encorque ses ministres leur ayent promis le contraire.
Tout le pays est dégousté et menace les chefs d'une révolte qui pourra causer un jour de plus gran ruinez à ce pays. Nos Suisses sont de retour de Baden où ils n'ont rien traitté de le neutralité de Bourgogne puisque leur député7 qu'on a envoyé en France n'en ay point de retour. Je demeure, monsieur,
Vostre serviteur
Marin.
Zurich, ce 18 d'Avril s.v. 1638.
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Adres (met andere hand): M.r Grotius.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 13 May.
In dorso: 28 Avril 1638 Marin.