Monsieur,
I'ay receu vos lettres du 21 et 292 du passé, mais ne puis voir par icelles, si monsieur Müller3 est parti de Paris et ce qu'il aura dit sur le suject de mes lettres.
Ie ne reçois pas encor de l'argent promis et monsieur Mukel4 m'escrit que si Göz5 vient en Alsace et leur emporte la moisson que ny luy ni moy aurons à attendre aucune chose de ces rentes-là, estant pourtant plus que raisonable que monsieur le gran chancelier6 me face pourvoir de mon gage d'ailleurs, moy n'ayant icy plus de crédit à cause qu'on me voit tellement abandonné que mes créanciers osent dire qu'il faut nécessairement ou que mon service soit desaggréable ou qu'on ne fait pas estat de moy, puisque les autres ministres d'icy sont mieux traittez. Dieu me garde de quelque maladie que la mélanquolie me pouroit causer en ayant desià quasi toute ma maison pleine, surtout celle de ma femme7 et mei ammanuensis qui ex apoplexia decumbit m'afflige beaucoup, sans savoir d'où prendre la despence tant pour la médicine que pour le mesnage de la maison, ayant desià tous les meubles quasi de ma femme engagé.
Les Espagnols continuent le siège de Verseil et monsieur de Veimar8 les fortifications de Rheinfelden et Laufenburg se préparant pour combattre Göz si sa foiblesse le permettra n'ayant que 4m chevaux et 4m à pied sans les garnisons, de façon qu'il a bien besoin du renfort que vous luy procurez. Du blé on luy envoye de la Suisse en quantité nos protestans faisant leur office envers nous.
La diète de Baden continue encor, mais elle produira autant que les passées.
Les ambassadeurs Grisons9 ne sont pas encor de retour qu'on attend avec impatience le gran Turc10 va contre le Persien11 et laisse s'entr(e)battre les chrestiens tant qu'ils veulent.
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Dieu veille finir ces cruelles guerres et nous resiouir d'une raisonable paix, me conservant en vostre bonne grâce qui suis inviolablement, monsieur,
Vostre serviteur,
Marin.
De Zurig, ce 4/14 de Juillet 1638.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 3 Augusti.
En in dorso: 14 Iuly 1638 Marin.