Monsieur,
Je vous remercie fort de l'affection cordiale que m'avez tesmoigné et me tesmoignez encore. Je ne laisse pas de me souvenir de vous avecq gratitude, comme faict aussi le bon monsieur de Cordes2. Je vous remercie aussi du livre3
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que m'envoyez, duquel j'avois veu desjà à Frankfort presque toutes les pièces et appris dèslors que les luthériens estoient fort mal satisfaicts des advis de trois évesques, disant que par là on donnoit à ceux de Calvin en tout et par tout cause gagnée. Aussi croysje que l'église ancienne n'eut pas approuvé fides illas locales.La lettre des ministres de Charenton contient quelques bonnes choses, mais aussi est il vrai que ces mesmes ministres et un synode provincial et un synode national ont condemné monsieur de la Miletiere4 et excommunié pource qu'il avoit advancé ceraines propositions lesquelles ne seroient pas toutes désadvouées p(ar) les luthériens.
Je recognois en monsieur Duraeus5, que j'ayme et honnore, les bonnes qualitez que vous luy attribuez, et suis marri qu'on l'a attiré pour s'expliquer sur certains dogmes et par cela donner une preuve de son Analyse6. La response qui luy a esté donnée par le clergé de Suède7 semble luy donner assez de subiect pour retourner en son pays. Mais puisqu'il appartient aux enfans d'Abraham d'espérer contre espérance, je veux prendre la liberté d'espérer que l'alliance politique estant faicte entre les couronnes de Suède et d'Angleterre, on pourra lors avecq pus d'apparence reprendre les pensées de l'union des eglises des dits royaumes, puisque le temps ne semblent pas bien permettre une convocation générale de touts ceux, qui portent le nom d'évangeliques ou protestans. Pour moy je ne voy pas, que je puisse servir en cecy que par mes prières que j'y8 contribuerai très volontiers, comme aussi pour vostre santé et prosperité.
Vostre serviteur
H. de Groot
A Paris, le 15 de Juillet
In dorso staat: Paris Mr. Grotius 15 Julie 1638.