Monsieur,
N'ayant point de vos lettres depuis 4 sepmaines ençà dont ie m'estonne, celle-cy ne sera que pour accompagner l'enclose a monsieur Strasburg2 que ie vous supplie de mander par promte addresse.
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Je luy escris derechef touchant mon gage d'autant que ma nécessité devient de iour à aultre plus grande et de monsieur Mukel3 ie ne reçois jusques ores rien, mais sçay-ie asseurément s'il me pourra aider à l'advenir. I'ay honte de vous avoir si souvent importune, sans que vos reccomandations ayent produit aucun effect. Ores meus ammanuensis4 estant griefvement malade d'apoplexie qui l'a rendu estropié, et ma femme5 aussy n'estant pas bien il est impossible que ie parte d'icy pour cest'an encor que i'eusse à passer icy l'hyver en mendiant. Puisque ny mes lettres ny d'autres aident de rien il faut que ie reccomande mon fait à Dieu qui me sçaura à son temps délivrer de tant d'angoisses qui m'affligent incroyablement.
Monsieur de Veimar6 a receu un renfort de 4m à pied et 150 chevaux qui estans joints à luy nous attendons journellement leur exploits.
Nous ne sçavons rien si les ambassadeurs Grisons7 sont vifs ou morts, puisqu'on n'en parle rien et semble-on qu'on les veuille tenir en Espagne pourtant d'ostages jusques à la paix.
Les Voltol. remuent le ciel et la terre pour se soubstraire de leur domaine et pourchassent celuy d'Espagne ou par accord ou par force. Ie ne sçay ce qui en sera les Grisons seuls n'ayant point de force de faire leur condition meilleure sans l'assistance du roy8, et les Venetiens et Suisses protestans estans trop faibles pour les secourir.
Dieu veuille avoir pitié de ces peuples-là et vous maintenir en bonne prospérité et longue vie que vous souhaitte, monsieur,
Vostre serviteur
Marin.
De Zurig, ce 26 de Juillet 1638.
Ankefort est pourveu de 15m sacs de bled.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 20 April (sic).
In dorso: 26 Iuly 1638 Marin.