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Monsieur,
Ayant fait responce à vos lettres par ma précédante2 celle-cy sera pour vous communiquer cy-enclos advis de la bataille navale suivie le 1. de 7bre entre les Espagnols et François à la veue de Gênes, remarquable en cela que toutes deux armées y sont allés non par nécessité mais de libre volonté de faire voir son courage. Celuy qui a veu le combat me mande qu'il a duré 3 heures après mydi par lequel les Espagnols furent vaincus, 3 généraux et tous officiers avec plus de 2m Espagnols qui estoit destinez pour Milan tués et mille blessez qu'on a retirés à Gênes, oultre le butin de 200m escus et beaucoup de marchandise.
C'est un coup qui empêchera le transport des Allemans3 en Allemagne d'où on sollicite le gouverneur de Milan4 pour le renfort du Göz5, mais on n'y avance gueres les Espagnols se voyans tellement embarassés qu'il leur est impossible d'envoyer aucun secours en Allemagne.
Cependant Göz advance avec son armée qu'on dit estre de 15m hommes qu'on a tirés de toutes les garnisons et tâchent d'attaquer d'une part la contee de Sulz les villes forastières et de l'autre secourir Brisac qui est à l'extrémité encor que d'autres disent qu'il y a encor de vivres pour un an.
Monsieur Mukel6 m'escrit qu'il ne me peut envoyer aucun argent c'est pourquoy ie serois bien aise s'il vous pouvies obtenir de monsieur Heyf7 au moins deux cent daler pour me pourvoir à bon heure de vivres et de ce qu'il me faut pour l'hyver, autrement Dieu sçait que ie ne sçay où prendre de l'argent, ayant honte d'en emprunter plus. Si vous m'y pouvez aider m'obligerez.
Enfiniment don de Melos8 doit estre gouverneur de Milan et puisque le marquis de Leghanes est malade il fait à cest'heur sortir en campagne 8m à pied et 2500 chevaux seulement comme ie croy pour espouvanter les Savoiards et les contraindre à la neutralité le nombre estant petit pour assiéger Casal ou envahir la Savoye.
Ie demeure, monsieur,
Vostre serviteur très humble
Marin.
De Zurig, ce 17/27 de 7 bre 1638.
On nous dit icy que monsieur de Veimar9 est peu fort et combattu du desordre et de la nécessité de vivres. Les François échappent où ils peuvent à la fois 40
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et 50 ensemble et seroit-il nécessaire que la France y remédiast par la rigueur de la justice. Après la dernière bataille le pain a manqué 8 iours aux soldats et ce faute de commissaires, ce que ie sçay de gens propres de l'armée.Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 8. 19. 1638.
In dorso: 27 Sept. 1638 Marini.