Monsieur,
Je ne vous manderay point les particularitez du dernier eschec que Göz2 a reçeu en attaquant le camp de Son A.3 sçachant que vous en estes bien informé d'ailleurs.
C'est un gran advantage que de ceste petite attaque les chefs mesmes sont tombés en une mauvaise intelligence sur tout. Lamboy4 qui se plaint de Göz n'avoit pas esté secondé d'un courage pareil au sien et mençant pourtant ne vouloir plus combattre en sa compagnie. Savelly5 a fait aussy publier un escrit6 envoyé à l'empereur7 par lequel il tâche de mettre la coulpe du dernier combat
669
perdu sur le mesme Göz, qui à l'encontre le recharge, et s'en purge au possible. Ita diis juvantibus omnia matura sunt, praeda, laus, victoria et discordiae inter hostes, quae conatus nostros eo magis facilitare poterunt8.Les ambassadeurs Grisons9 ne sont pas encor de retour per varios circuitus hinc inde vagantes10, et encor qu'on ait divulgé leur expédition avoir esté faite à son haut (?), si est ce que ores j'enten des mes amys le contraire, au point de la religion n'ayant reçeu aucune satisfaction; faute de la quelle eux n'ayant pas voulu traitter de civilibus ils sont partis de la cour sans rien conclure estant cependant remis au gouverneur de Milan11 et à Inspruk où ils obtiendront moins. Je veux espérer que les affaires d'Allemagne succédant à son haut (?) les Grisons seront ployables à se réunir à nostre party en quoy plusieurs gens de bien parmy eux travaillent à bon escient.
Nos Suisses s'assembleront demain à Bade où les papaux voudront produire beaucoup au désadvantage de la France dont le succez auprez du Rhin ils tâchent rendre suspects mesmes aux protestants et le résidant d'Angleterre12 y travaille aussy, désirant pourtant de sçavoir quelque chose avec fondement des conseils de son maistre13 qui e ...ouiss.t quasi tout à fait.
On croit que l'Espagne offre le généralat de ses armées en Allemagne à Bavière, avec cession d'une partie du bas Palatinat, ce qui seroit un mauvais affaire pour ces princes.
Si vous pouvez disposer monsieur Heuf14 à l'envoy d'une partie de l'argent qu'on me doit vous m'en obligeray infiniment, estant e la plus gran nécessité du monde, mais il faut prendre garde que le change se face en risdaleurs in specie ou en autant de monaye selon la valeur de S. Gall; autrement i'y perdray beaucoup. Je demeure, Monsieur,
Vostre serviteur de bon coeur
Marin. mp.
De Zurig, ce 24 d.8bre S.V. 1638.
In dorso schreef Grotius: 24 d'Octobre 1638 Marin.
En boven aan de brief: Rec. 17 Nov.