J'ay bien receu vostre très aggréable du 6 courrant2 et crois que par mes précédantes aurez appris ce que vous devez croire de certain tant de Rakozy3 que du Turc4 qui à cause de ces courses ungaresques ne voudra rompre avec l'impéreur5 ayant renouvellé ses tresves avec son ambassadeur6 qui est à Constantinople pour ce suject. Aussy a-on envoyé à Vienne un chiaus7 pour excuser ces courses qu'on avoit fait de l'un et l'autre costé.
Il y a quelques-uns qui escrivent de Vienne que les Persans ayent desfait le gran vesyr8 auprez de Babylonie, mais ie n'envoy point de certitude ny de
807
fondamment, l'ambassadeur de Perse9 estant cest'heur avec le gran seigneur10 pour adjouster la paix de son maistre avec luy. I'en atten plus de certitude de mon correspondant de Constantinople11.Ceux de Malte se préparent à la défensive, car les Turcs les menacent de tous costés, aussy bien que la Sicile qu'il faut avoir avant que prendre Malta et ce seroit le vray moyen de faire penser ce bon escient à la paix l'Espagnol12, qui parle encor trop haut contre nous.
Les Grisons démolissent leur fort de Rhin et ont envoyé à Inspruk pour s'accorder avec l'archiduchesse13 touchant le traicté qu'ils ont l'an 1622 fait avec elle, sur l'affaire de 8 jurisdictions sur le[s]quelles la maison d'Autriche et sur l'Engadine basse prétend, les Espagnols n'ayans voulu vuider cest'afaire à Milan de façon que tout y demeure encor en suspens, mais ie crain que les Grisons ployeront à tout n'estans secourus de personne et l'Espagnol le sçachant le traittera à sa morte surtout en Voltoline ou les parens de ma femme14 sont pis traittez que tous les autres.
I'escris à monsieur le gran chancelier15 et monsieur Strasburg16 pour mes affaires vous priant d'y joindre vos reccommandations me croyant tousiours monsieur,
vostre serviteur redevable
C. Marini.
De Zurig ce XII de Xbre 1639.
Les Espagnolgs impriment des gazettes à Milans qui disent que les François ont esté desfaits auprès de Chiera et que Salza est pris. Ils veulent assiéger Alba pour avec la prinse d'icelle asseurer Turin et employer bien mesme cest hyver.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 4 Dec. (!).
In dorso: 12 Dec. 1639 Marini.